Comment créer sa marque de maroquinerie avec un budget restreint ?
Tout créateur a 1000 idées à la minute. Si le projet qui vous fait monter l’adrénaline est de lancer une marque de maroquinerie, sans moyens financiers à disposition, par quoi on commence ?
La première peau
On commence par un premier modèle qui deviendra à coup sûr l’icône de la marque. L’enjeu, quand on démarre « modeste » et qu’on n’a pas de réseau, consiste à trouver la matière première (les peausseries) et le fabriquant maroquinier. Là c’est le casse-tête chinois.
On est crédible mais pas encore suffisamment attractif potentiellement parlant pour intéresser les acteurs industriels. Alors on commence par acheter une dizaine de peaux chez un grossiste ou directement en tannerie (oui, il en reste dans l’hexagone – voir la FFTM Fédération Française de Tannerie Mégisserie). Le panel de peausseries est large. Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Entre les cuirs de bovin (veau, taureau, vachette, buffle), les cuirs d’ovin (agneau, chèvre, mouton) et les cuirs exotiques (alligator, crocodile, autruche), il n’y a que l’embarras du choix.
Premier fabricant
Ensuite on contacte quelques fabricants français, proximité oblige. On peut par exemple se rendre à la grand-messe du salon « Première Vision » qui a lieu deux fois par an à Villepinte (Février et Septembre). Vous y trouverez les matières, les fabricants et les métiers d’art.
Il faut éviter de contacter de trop grosses structures que vous n’intéresserez pas ! L’objectif sera de convaincre votre interlocuteur que vous savez ce que vous faites. Prouvez leur que vous avez un vrai projet avec un business plan solide. Il faudra aussi montrer que vous saurez vous adapter à ses contraintes de production industrielle. Par exemple : ne lui mettez pas trop la pression sur les délais. Il saura ainsi vous « intercaler » entre deux gros clients au moment qu’il jugera opportun. Proposez qu’il n’utilise qu’une seule couleur de fil (blanc cassé) quelle que soit la couleur du cuir ! Il évitera ainsi de changer les bobines pour un sac seulement mais fera les 10 sacs en ligne. Et puis le côté « sellier », c’est toujours flatteur !
Première production
Commence alors la réalisation du premier prototype qui sera suivi d’une mini production d’une dizaine de sacs. Le modèle sera simple et épuré. Quant à la qualité de la peau et la fabrication du sac, elles seront irréprochables. Il est préférable de perdre un peu de temps au début sur le prototype et qu’il soit bien calé que de revenir sur la définition du produit suite à une première production.
Première vente
On passe à la vente. Les 10 pièces seront vendues aux copines, aux collègues de travail, à la famille. Comme la marque n’est pas connue, le prix de vente sera attractif. Il doit néanmoins vous permettre de rembourser la mise de fond initiale et de générer une petite marge. Cela vous permettra de racheter des peaux pour refaire une production d’une vingtaine de sacs …
Il faut intégrer que les fournisseurs exigeront la plupart du temps un paiement à la livraison, d’où la nécessité de se développer graduellement en fonction des ventes.
Le projet est lancé. Tout est question de lucidité, de patience et de crédibilité. Le réseau de fournisseurs, de fabricants et de clients va alors se construire petit à petit, sans prise de risque mais avec la satisfaction d’avoir concrétisé une idée avec des perspectives à la clé.
Il faut croire en ses rêves… « I HAD A DREAM !»
Bio
Je suis Giuseppe Prestipino, le créateur de la marque « JohnKyril » créée en 2013 ! Originaire de Lampedusa, petite île au large de la Sicile, je suis tombé amoureux de Paris et de la France. Passionné depuis toujours par la mode, les matières et les savoir-faire manuels, le néophyte que j’étais s’est intéressé chaque jour un peu plus au monde du cuir et aux multiples process de fabrication d’un sac.
Le projet « JohnKyril » est né de façon très ludique par l’esquisse de quelques modèles qui deviendront rapidement les prototypes de mes futures collections. La marque est vendue de façon très confidentielle, mais quelle satisfaction de constater le développement de la marque, modeste soit-il. « JohnKyril » c’est aussi et surtout une très belle aventure humaine faite de multiples rencontres, autant de personnes passionnées et passionnantes par le métier qu’elles exercent !